Supreme Commander, le renouveau du RTS

Supreme Commander, ou SupCom pour les intimes, est un jeu de stratégie en temps réel sorti sur PC début 2007 par Gas Powered Games. Le papa du jeu n'est autre que Chris Taylor, à l'origine déjà de Total Annihilation, encensé des critiques bien que quelque peu oublié du grand public (en cause, Blizzard et sa campagne de comm' qui avaient envahi tous les médias en avril de l'année suivante pour la sortie de Starcraft). Pour vous faire une idée de SupCom et comprendre comment il a été conçu, lisez l'article sur Total Annihilation; SupCom est la suite spirituelle de Totala. Il vise à corriger les quelques défauts de l'original, et ma foi, c'est pas loin d'être réussi, bien qu'encore perfectible. Explications.

On prend les mêmes et on recommence.

Le jeu reprend la recette de Totala, à savoir une foultitude d'unités qui se canardent joyeusement sur des cartes gigantesques dans un univers de Science Fiction apocalyptique. Cette fois-ci, on a trois factions, l'UEF (les Terriens), qui pensent que la galaxie doit être unifiée sous une seule bannière pour éviter les erreurs du passé et les guerres incessantes comme il y a eu sur Terre, les Aeons, disciples d'une race d'extraterrestres disparue, qui veulent pacifier la Galaxie en imposant leur doctrine, la "Voie", et les Cybrans, descendants spirituels du Core de Totala, qui sont des cerveaux humains transférés dans des machines. Les Aeons les voient comme des abominations et veulent les exterminer. L'add-on apporte une quatrième faction: les Séraphimes, ces fameux extraterrestres qu'on croyait disparus, et qui reviennent en fanfare foutre le merdier dans un milieu politique déjà bien tendu (c'est une guerre totale pour l'extermination des autres, quand même). Tout comme son illustre ancêtre, SupCom brise le moule des jeux de stratégie en temps réel en utilisant un modèle physique pour déterminer les aptitudes des unités plutôt que d’utiliser des dés et autres règles inventées pour les besoin de balancement. C’est à dire que chaque obus projeté par un tank peut toucher ou manquer sa cible si celle ci se déplace ou encore toucher une autre cible, ennemie ou amie, si elle se promenait dans les parages. De même, les chasseurs sont bons contre les bombardiers non pas par parce que c’est ainsi, mais parce qu’ils ont une meilleure mobilité et peuvent esquiver les tourelles plus lentes des bombardiers. Bref, comme en vrai.

Vive le GPS.

Profitant des avancées de la technologie en dix ans, Monsieur Taylor a surenchéri dans tous les domaines du jeu, entre autres dans la partie graphismes. Finies les maps rikiki qu'on croise même de nos jours sur la plupart des jeux, ici, l'unité de mesure est le kilomètre. Sur la quarantaine de cartes présentes dans le jeu de base, la plus petite fait 5km de côté, la plus grande 80! De quoi visiter en long en large et en travers les planètes sur lesquelles on va se taper, et envisager des stratégies militaires incluant quelques centaines d'unités... Les cartes sont très détaillées, et le moteur graphique vous permet zooms et rotations dans tous les sens, vous êtes complètement libre!

Gameplay: difficile de s'en passer.

Le gameplay est exemplaire, tout est intuitif, au point qu'on peine en revenant à un autre jeu ("Comment ça je peux pas faire un zoom arrière???") Vous démarrez une partie, vous voyez votre Commandeur (le général de votre armée) apparaître via un portail quantique, vous faites un coup de molette de souris pour dézoomer, et encore, et encore... Vous dézoomez de plus en plus jusqu'à ne plus voir les unités tellement vous êtes loin, et vous pouvez encore reculer! Jusqu'à voir toute la carte sur votre écran. On appelle ça la vue stratégique, chaque unité étant représentée par une icône (on apprend vite à les reconnaître). La forme de l'icône vous indique le type d'unité (avion, bateau, sous-marin, usine, etc.) et le symbole dessus vous apprend ce que c'est (anti-aérien, artillerie, production d'énergie, etc.) Quant à la couleur, elle indique la faction, évidemment. Et sous l'icône, on voit entre un et trois points: ils représentent le niveau de technologie de l'unité. Un demi-cercle tourné vers le bas, avec trois points et un symbole d'artillerie, c'est un sous-marin lanceur d'engins nucléaires, par exemple. Évidemment, pour voir les unités adverses, il faut qu'elles soient dans le champ de portée de vos radars/sonar... Vous voyez alors un losange gris tant que vous n'avez pas envoyé une unité identifier le type d'ennemi... Bien entendu, vous pouvez donner des ordres comme bon vous semble, quelle que soit la vue affichée. La vue stratégique sert principalement à dresser des plans, construire votre base en fonction des renseignements que vous avez (de quel côté arrivent les unités ennemis, et de quel type d'unités il s'agit), ou coordonner les assauts de vos armées, et vous vous rapprochez ensuite pour gérer la bataille, indiquant à vos unités sur qui concentrer le feu ou comment se placer à couvert.


Le Replay est une fonction qui vous permet d'enregistrer la partie que vous venez de jouer (c'est juste un onglet à cocher en fin de partie), et de revoir cette partie d'un point de vue neutre plus tard. Vous voyez alors au choix, une faction ou une autre, ou toutes en même temps, comme un film de guerre sauf que vous maîtrisez la caméra.

Une autre innovation géniale? Les bonus de bâtiment. Quand vous construisez un certain type de bâtiment à côté d'un autre, ils se renforcent et s'octroient des bonus. Un générateur d'énergie baissera la consommation des bâtiments accolés, un silo de stockage boostera la production de ces mêmes générateurs, etc.

Des gens partouuuuut.

Pour contrôler vos territoires, il faudra du monde. beaucoup de monde. Oubliées les batailles à Starcraft où vous gagniez parce que vous saviez exploiter le potentiel de vos douze chars de siège, ici, perdre douze chars signifie seulement que les quarante derrière peuvent s'approcher. Les cartes sont si grandes que perdre une armée (c'est-à-dire une bonne centaine d'unités) n'est pas décisif, vous avez en général plusieurs armées en même temps, et très souvent trois à quatre usines qui produisent de ces chars en continu (il suffit de cliquer sur un bouton de l'usine pour qu'elle répète sa liste d'ordres ad infinitum, et un bouton pause vous permet de l'arrêter temporairement). Les unités différentes sont bien moins nombreuses que dans Totala, mais leur nombre est tout de même bien plus élevé que dans les jeux qu'on a l'habitude de voir. Et ici, un petit robot de niveau un passe inaperçu entre les robots de niveau trois. Ou pire, entre les unités expérimentales que chaque faction peut produire.


Une telle armée peut faire peur, mais en fait un missile nucléaire nettoiera cette menace radicalement...



Côté diversité, il y a tout de même de quoi faire. Outre les habituels éclaireurs, robots de niveau 1, 2, 3, bombardiers, chasseurs et autres, on croise des bombardiers torpilleurs, des bombardiers stratégiques (coucou la grosse bombe que tu n'as pas vue venir), des hélicoptères de combat, des transports de troupeS (le S parce qu'on balade 10 unités lourdes à la fois!), des robots de siège, des générateurs de bouclier, de l'artillerie lourde, des unités expérimentales de malade (des usines mobiles sous bouclier lardées de canons, un Colosse Galactique, une araignée monstrueuse, un sous-marin porte avions, etc.)

Le mod est à la mode.

Non content de tout ça, un système appelé 'GPG Net' vous permet de vous connecter pour retrouver en ligne d'autres joueurs, d'avoir un classement mondial des joueurs, de télécharger gratuitement du contenu additionnel fait par les développeurs ou des fans (cartes, unités, modes de jeux complets), et de mettre le jeu à jour régulièrement.

Le mot de la fin.

SupCom s'approche encore d'un degré vers la perfection (bon, d'accord, deux ou trois), mais n'est pas encore parfait. Malgré les patchs divers depuis sa sortie, il reste très gourmand et une bonne machine est nécessaire pour le faire tourner avec les graphismes au max.
De plus, chaque faction a à peu près les mêmes unités, avec de menus changements (par exemple les éclaireurs terrestres Aeon et UEF ont un petit canon, celui des Cybrans est furtif mais ne tire pas). Il y a donc moins d'intérêt à capturer les unités ennemies sauf pour fabriquer les unités expérimentales qui sont propres à chaque faction.
Certains ordres par ailleurs sont difficiles à appréhender et exécuter, comme l'attaque synchronisée (vos deux armées coordonnent leur vitesse pour arriver sur l'objectif en même temps, utile pour un assaut au sol soutenu par des avions qui vont bien plus vite) que je ne voit personne utiliser...
Le métal est LA ressource critique du jeu, vous pouvez construire une centrale à fusion où vous voulez, mais les gisements de minerai sont éparpillés et peu nombreux; dans Totala on produisait rapidement 400 unités de métal à la seconde, ici on peine à en avoir 40...

Malgré les quelques défauts qui subsistent, ce jeu est l'archétype du jeu de stratégie en temps réel ultime, alors rangez Starcraft, brûlez C&C3, et foncez, pour 15€ vous aurez le jeu+l'extension.